Samedi 23 novembre 2013
En préparant les visites à faire autour de Puerto Varas, notre curiosité s'est arrêtée sur un paragraphe de notre guide touristique portant sur l'ethnotourisme qui se développe autour des indiens Huilliches. Cette communauté appartient à la culture Mapuches. Ils vivent dans le sud du Chili.
Quelques familles parsemées hors des sentiers battus de la région des lacs vous accueillent et vous immergent dans un mode de vie traditionnel reçu de leurs ancêtres. Le contact se fera par l'intermédiaire d'une agence.
Nous sommes récupérés au saut du lit par notre guide Mauricio. C'est parti pour deux jours rytmés. Direction la bourgade de Rio Negro entre Puerto Varas et Orsono, puis à quelques kilomètres de là, Rio Chuelo, son église et surtout l'école où des cours sont donnés de chesungun, (dialecte huilliches). Tout comme les mapuches, les huilliches ont été dépossédés de leur terre et de leurs richesses. Depuis le retour de la démocratie, le gouvernement chilien a entamé des négociations pour la restitutions des terres. Mais de gros enjeux financiers semblent ralentir cette démarche...
Suite du programme côté Bequet : nous sommes reçus non loin du village de Rio Chuelo, perdu dans une forêt d'eucalyptus par Mathilda et son fils Ricardo pour un petit dej maison avec pain maison cuit dans la cendre, confiture, higo (café à base de céréales) et fromage de vache local. La ferme qu'ils habitent est plus que sommaire. Les maigres revenus viennent du charbon. La fierté de Mathilda : son four à charbon en greda (sorte d'argile). 12 m3 = 50 sacs de 20kgs. La vie est rude mais malgré tout au détour d'un échange, elle est fière de dire : "on meurt là oú l'on nait".
Un peu plus difficile à envisager pour les générations suivante en raison de l'emploi...
Nous les laissons avec une certaine émotion et reprenons la route. La famille Cartrilef : Christina, Sergio son époux, leur fille Krichina et Rachel la grand-mère nous attend pour le déjeuner et la nuit. Avant de les racontrer, nous faisons un halte dans un cimetière oú se trouve des sépultures huilliches (petite maison rappelant la vie sur terre).
Chez les Cartrilef, Christina nous accueille en tenue d'apparat. Elle est la seule de la famille à perpétuer la tradition huilliche transmise par sa sa grand-mère. Avant de nous attabler pour le déjeuner, elle tient à nous amener dans son poulailler pour nous montrer des espèces de gallinacés mapuches qui pondent des œufs de couleur bleue : les Goyinca et les Quietro, c'est stroumphement bizarre !
Le repas est servi : atutos (algues marinées), Casuela (soupe de haricots et blé) et un charquican (ragoût de viande). Pas le temps de faire une sieste digestive que nous partons faire un trekking sur le chemin sacré qui menait de Rio Negro à la Bahía Mansa, haut lieu de culte huilliches. 35 kms soit 2 jours de marche. Rassurez-vous 3 heures nous suffirons pour nous faire une idée et nous transformer en aventuriers à la recherche du saint graal (étroitesse du sentier, on escalade, on rampent...).
Bilan de la balade : nous rentrons vers 20 h au gîte, trempés jusqu'au os sans déplorer de perte (pas mal !). Pour certains, ils se seront faits de nouvelles amies très particulières et un peu collantes : des sangsues.
Nos hôtes nous dépanneront de quelques vêtements secs car nous avions débarquez sans change.
Comme il manquait des couchages pour dormir, Sergio avait tué son après-midi en fabriquant un lit superposé. Ikea n'a qu'à bien se tenir (+ ou - 5 heures) !
Christina nous servira un repas locavore tout en poursuivant la balade culinaire huilliche.
KO nous n'aurons pas besoin de berceuse.
Dimanche 24 novembre 2013
La fée du fourneau s'est penchée sur notre table de bon matin pour régaler nos papilles. C'est aussi le moment d'échanger sur le tourisme rural, leur projet et l'intérêt financier qui en découle. Nous sommes la deuxième famille + un couple à être venus par l'intermédiaire de l'agence.
De plus, les Catrilef nous avouent ne pas avoir reçu la dernière rétribution. Grosse suprise pour nous car ce n'est pas comme ça que l'on voyait l'envers du décor. Ça tombe bien, Mauricio, notre guide, arrive sur ces entre-faits. Stéphane demande à payer directement la famille hôte pour être certain du reversement. Mauricio finit par détailler la prestation et là, surprise 30000 $ Ch (hébergement, 2 déjeuners, 1 diner, 1 petit dej soit 42€ pour toute la famille) sur les 240000 $ Ch que nous avons payé ! Nous payerons au final 40000$ ch sur l’enveloppe de l’agence.
Il est l'heure de se quitter si nous voulons tenir le programme. Christina nous prépare des paparllenas (purée de pomme de terre, farce de veau...) pour le pique-nique. Nous avons un peu de mal à les quitter tant nous nous sentons bien avec eux mais il n'est de bonne compagnie qui ne se quitte..,
Nous repartons sur les pas des huilliches en version "randonneurs", direction la cordillera de la costa de Río Negro (lieu de culte, mine d'or...) pour une bonne partie de l'après midi. Clôture de l'immersion dans la culture Huilliche à travers les costumes traditionnels, la musique, les objets typiques.